Le diabète est une maladie chronique qui se caractérise par un excès de glucose dans le sang, appelé hyperglycémie. Il existe deux types principaux de diabète : le diabète de type 1, qui résulte d’une destruction des cellules du pancréas qui produisent l’insuline, l’hormone qui régule le taux de glucose dans le sang ;
et le diabète de type 2, qui résulte d’une résistance des cellules à l’action de l’insuline, souvent associée à un surpoids ou une obésité. Le diabète de type 2 représente environ 90 % des cas de diabète et touche plus de 400 millions de personnes dans le monde.Le diabète de type 2 est étroitement lié au mode de vie et à l’alimentation. En effet, une consommation excessive de sucres et de graisses, ainsi qu’une sédentarité, favorisent la prise de poids et l’accumulation de graisses dans le tissu adipeux. Or, le tissu adipeux n’est pas seulement un lieu de stockage des graisses, mais aussi un organe endocrine, qui sécrète des hormones impliquées dans la régulation de l’appétit, du métabolisme et de l’inflammation. Parmi ces hormones, la leptine joue un rôle clé dans le contrôle de la satiété, c’est-à-dire la sensation d’être rassasié après un repas.
Qu’est-ce que la leptine et comment agit-elle sur la satiété ?
La leptine est une hormone produite par les adipocytes, les cellules qui constituent le tissu adipeux. Son nom vient du grec “leptos”, qui signifie “mince”. La leptine est proportionnelle à la quantité de graisses stockées dans l’organisme : plus il y a de graisses, plus il y a de leptine. La leptine circule dans le sang et atteint le cerveau, où elle se fixe sur des récepteurs spécifiques, appelés LepR, situés dans l’hypothalamus, la région du cerveau qui contrôle les fonctions vitales, dont la faim et la soif. En se liant aux récepteurs LepR, la leptine envoie un signal de satiété au cerveau, qui réduit l’appétit et augmente la dépense énergétique.
Ainsi, la leptine agit comme un régulateur naturel du poids corporel, en maintenant un équilibre entre les apports et les dépenses énergétiques.
Quel est le lien entre la leptine et le diabète de type 2 ?
Chez les personnes obèses ou en surpoids, le taux de leptine dans le sang est élevé, mais le signal de satiété n’est pas correctement transmis au cerveau. On parle alors de résistance à la leptine, qui se traduit par une augmentation de l’appétit, une diminution de la dépense énergétique et une accumulation de graisses dans le tissu adipeux et dans le foie. La résistance à la leptine favorise ainsi le développement du diabète de type 2, en perturbant le métabolisme du glucose et en induisant une inflammation chronique, qui altère la fonction des cellules du pancréas et la sensibilité à l’insuline.
Mais quels sont les mécanismes qui expliquent la résistance à la leptine chez les personnes obèses ou en surpoids ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre des chercheurs de l’Inserm, de l’Université de Lille et du CHU de Lille, dans une étude publiée dans la revue Nature Metabolism. Les chercheurs se sont intéressés au rôle des récepteurs LepR, qui sont la porte d’entrée de la leptine dans le cerveau. Ils ont découvert que ces récepteurs sont exprimés par des cellules particulières, appelées tanycytes, qui tapissent la paroi du troisième ventricule, une cavité située au centre de l’hypothalamus.
Les tanycytes sont en contact direct avec le sang et avec les neurones de l’hypothalamus, ce qui leur permet de transporter la leptine du sang vers le cerveau, en franchissant la barrière hémato-encéphalique, qui protège le cerveau des substances étrangères.
Comment les chercheurs ont-ils étudié le rôle des tanycytes dans le transport de la leptine ?
Les chercheurs ont utilisé des souris génétiquement modifiées, chez lesquelles ils ont supprimé les récepteurs LepR uniquement dans les tanycytes. Ils ont ensuite comparé ces souris à des souris normales, en les soumettant à un régime riche en graisses pendant 16 semaines. Ils ont observé que les souris sans récepteurs LepR dans les tanycytes présentaient une résistance à la leptine, avec une augmentation de l’appétit, une prise de poids, une accumulation de graisses dans le foie et une hyperglycémie. Ces souris développaient donc un diabète de type 2, similaire à celui observé chez les humains.
Les chercheurs ont également montré que la suppression des récepteurs LepR dans les tanycytes entraînait une diminution de l’expression de gènes impliqués dans le transport de la leptine dans le cerveau, ainsi qu’une altération de la fonction des neurones de l’hypothalamus, qui ne répondaient plus à la leptine.
Ces résultats démontrent que les tanycytes et leurs récepteurs LepR sont essentiels pour le transport de la leptine du sang vers le cerveau, et que leur dysfonctionnement est à l’origine de la résistance à la leptine et du diabète de type 2. Ils ouvrent ainsi de nouvelles perspectives pour la compréhension et le traitement de cette maladie, en ciblant les tanycytes et leurs récepteurs LepR, afin de restaurer le signal de satiété et de rétablir l’équilibre énergétique.
Conclusion
Le diabète de type 2 est une maladie complexe, qui implique de nombreux facteurs génétiques, environnementaux et comportementaux. Parmi ces facteurs, le rôle de la leptine, l’hormone de la satiété, est crucial, car elle régule l’appétit et le métabolisme du glucose. Des chercheurs français ont mis en évidence le rôle des tanycytes, des cellules qui transportent la leptine du sang vers le cerveau, en se fixant sur des récepteurs spécifiques, les LepR.
Ils ont montré que la suppression de ces récepteurs dans les tanycytes provoquait une résistance à la leptine, qui entraînait une augmentation de l’appétit, une prise de poids, une accumulation de graisses dans le foie et une hyperglycémie, caractéristiques du diabète de type 2. Ces travaux apportent donc une nouvelle lumière sur le mécanisme de satiété et ses implications dans le diabète de type 2, et suggèrent de nouvelles pistes thérapeutiques pour lutter contre cette maladie.
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